lundi 25 décembre 2006

Histoire de la famille Piketty - Personnalité de l'ancêtre

Extrait du livre "Antoine Piketty et sa famille"

Personnalité de l'ancêtre Antoine PIKETTY

"On a pu lire, dans ce qui précède les résultats de l'étude généalogique qui le concerne.

Très récemment Pierre Piketty a pu me communiquer des copies de correspondances des années 1830 qui donnent les indications sociologiques sur les relations familiales entretenues avec les soeurs, beaux-frères et belles-soeurs vivant à l'époque en Italie, sur la gestion d'immeubles hérités à Veglio, sur les soucis de l'éducation du neveu orphelin Bartolomeo, sur la déchéance du demi-frère Pierre-Ange, et ce résumé me permet d'en faire profiter toute la famille.

Ayant fondé son foyer en France, on peut admirer sa totale assimilation et le relief de sa personnalité. Il a su devenir architecte (encore qu'en 1830, les italiens lui écrivent avec des titres variés qui permettent de penser, soit qu'ils étaient mal informés de la réussite de leur parent, soit que la profession libérale d'architecte et celle d'entrepreneur étaient alors moins différenciées qu'aujourd'hui).

Le voyageur qui traverse aujourd'hui le Charollais peut être encore surpris du mode de constructions de bien des habitation anciennes, où la tuile romaine donne une note inattendue qui témoigne d'un goût d'artiste imposé par Antoine à ses nouveaux concitoyens.

Naturellement c'est la silhouette du grand vieillard qui a été conservée dans la mémoire des témoins, et la lettre retrouvée dans les archives de Paul Piketty m'est apparue comme trop typique et trop émouvante pour ne pas être publiée."



Copie de la lettre adressée par Antoine Piketty, alors agé de 83 ans, à sa fille Angéline Schmitt, pendant la guerre de 1870, à l'adresse parisienne, 30 bis Bd de la Contrescarpe, de son frère Ernest.

"Le 3° enfant d'Antoine, Eugène, était-il encore à Metz ou déjà replié sur Paris du fait des évènements, la lettre ne nous renseigne pas à ce sujet.
L'écriture est encore très ferme, la sollicitude familiale émouvante, et si l'orthographe et la syntaxe sont un peu hésitantes, l'intérêt historique en est certain."





Marcigny, 17 Octobre 1870 à midi.


Mes chers enfants,

Hier soir à 9 heures j'ai reçu la lettre sans date signée de Marie Schmitt (sa petite fille). (Ce) sont les seules nouvelles reçues depuis le 14 Septembre passé. Cette lettre m'a fait grand bien de savoir que tous mes enfants ne sont pas morts, dont j'espère qu'il en sera en continuant jusqu'à la fin de ces grands malheurs inattendus.
Ma chère Marie je te sais bon gré de m'avoir donné des nouvelles de tous mes enfants de qui j'étais bien en peine surtout depuis que Paris est bloqué. Mais j'espère que cela ne sera pas pour longtemps; oui j'ose l'espérer, crainte que les vivres manquent. Toutes les fois que je dîne je me dis en moi-même: "Ah si je pouvais faire part de mon repas à mes enfants, que je serais heureux!"
Néanmoins, lorsque vous verrez que les passages seront libres, écrivez-moi en me demandant le plus nécessaire, et si les chemins de fer sont (r)établis j'adresserai par grande vitesse, soit pour Paris soit pour Nogent tout ce que je pourrai envoyer.
Tu (ne) me dis pas si les maisons, à Nogent, ont eu du mal, car elles sont placées entre tous les forts: ma grande peur (est) que les boulets (!) les aient touchées, s'il y a des blessés à la pension pendant qu'on s'est battu pas loin de Nogent , et quand l'on m'écrira tu me diras si les maisons ont du mal.
Tu me diras aussi si les bateaux et autres appareils de Ernest (son fils dragueur à Paris) ont eu du dégat, car cette position est bien à la merci de l'ennemi qui ne laisse rien en place.
Il est heureux que l'on ait trouvé le mode de ballon pour les correspondances, afin que l'on puisse savoir si l'on vit ou meurt.
A Marcigny 20 hommes montent la garde toutes les nuits, et 3 fois par semaine on fait l'exercice. Ils sont près de 300 mais les fusils manquent ; pas la moitié (ne) sont armés.
Je ne sais si ma lettre vous parviendra; si le vent est favorable les ballons iront bien: pour cela il faut l'Est-Ouest. Si le ballon pouvait porter de la viande et du beurre, dans ce cas je vous enverrai toutes les semaines un bon gigot et du beurre.
Mais j'embrasse tous mes enfants, grands et petits.

Ton père et ami
Piketty.




Extrait de la lettre du 27 Janvier 1972
de M. le Maire de Marcigny

". . . . la concession perpétuelle PIKETTY de 5 m² n'a pas à être prorogée.
Votre ancêtre est décédé le 26 Octobre 1873 dans cette concession n°85 . . "


François PIKETTY
Mars 1972